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lundi 29 juillet 2024

La théologie au sens étroit ou la doctrine de Dieu, du Dieu tri-unitaire


§ 1 . Considérations générales


Sur l'importance de la théologie au sens étroit, voici une citation tirée du Catéchisme de l'Eglise catholique au paragraphe 234 :

« Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en Lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi ; il est la lumière qui les illumine. Il est l’enseignement le plus fondamental et essentiel dans la " hiérarchie des vérités de foi " (DCG 43). " Toute l’histoire du salut n’est autre que l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s’unit les hommes qui se détournent du péché " (DCG 47). »


Dieu est « bienheureux », (makarios) (1 Tm 1.11 et 6.15).

« Dieu est amour » (1 Jn 4.8,16) mais l'amour n'est pas Dieu. Dieu est une personne ou plutôt trois personnes, mais l'amour est une vertu et une qualité portée par les trois personnes de la trinité ou tri-unité.

Dieu est « trois fois saint ». Il n'a aucune complicité avec le mal dont il a une sainte horreur.

Dieu n'a pas de commencement. Il existe et vit depuis l'éternité passée et pour l'éternité à venir. D'une certaine manière, on peut dire que Dieu est « plus réel que notre réalité ».

Dieu ne se prouve pas par la raison humaine. L'homme ne peut pas démontrer que Dieu existe ou qu'il n'existe pas car le fini ne peut pas comprendre totalement l'infini.

L'homme peut inventer des arguments qui font présumer que Dieu existe mais aucun argument ne peut être absolument convaincant car Dieu est au-delà de la raison humaine, Dieu dépasse l'homme de façon totale, radicale et absolue. Dieu n'est pas démontrable ni négativement ni positivement.

Dieu est trois personnes (Mt 28.19) de nature divine, d'une seule nature divine (Mc 12.29 s.). Par exemple, il existe des milliards de personnes humaines mais il existe trois personnes divines.

Remarquons ici qu'un tel Dieu ne peut pas être le fruit de l'imagination humaine individuelle ou collective.

Par personne ou subsistance ou hypostase (grec), il faut entendre un sujet doué d'intelligence, de volonté, d'émotions, de sentiments, de conscience morale et existentielle.

Les trois personnes divines sont appelées, dans la Bible, nommément le Père (P), le Fils (F) et le Saint-Esprit (SE).

Dieu est esprit et donc il n'est pas fait d'atomes, il est immatériel, intangible et invisible.

Par nature ou substance ou ousia (grec) divine il faut comprendre les attributs tels que l'éternité, l'illimité/infini, l'omniscience, l'omniprésence, l'omnipotence, l'amour, la sainteté, le génie, la créativité, la justice, la bonté, la perfection absolue, la richesse par exemple.

La nature divine portée par les trois personnes comprend l'éternité dans le passé, dans le présent et dans le futur. Dieu est depuis toujours et pour toujours. Ainsi, Dieu n'est pas soumis au temps mais il l'a créé et il le maîtrise. Le temps est une idée de Dieu, il a créé l'éternel présent et le temps qui passe qui se décompte en fractions de temps telles les secondes, les minutes et les heures. Dieu est à la fois hors du temps et dans le temps, dans l'éternel présent comme dans le temps qui passe, le temps fractionnable.

Par nature encore, Dieu est souverain, totalement, absolument, radicalement bon, parfait, juste etc.

Dieu a aussi inventé le hasard qu'il domine et maîtrise dans son infinie souveraineté. Par exemple, Dieu connaît de toute éternité le résultat lorsqu'on lance les dés ou qu'on fait tourner une roue de casino, il connaît d'avance les résultats des jeux de hasards. C'est en ce sens qu'on peut dire qu'il n'y a pas de hasard pour Dieu, il n'est pas limité ni dépassé par le hasard qu'il maîtrise de la façon la plus absolue.

Les trois personnes divines sont distinctes ce qui leur permet d'être en relation en tant que sujets distincts.

L'amour circule entre les trois personnes du Dieu Trinitaire ou plutôt Tri-Unitaire, Tri-Un : trois quant aux personnes et un quant à la nature. Ainsi, les trois personnes divines échangent et partagent entre elles la joie, la transparence, la complicité, l'harmonie, la connaissance, la science, la créativité, l'inventivité, le bonheur, le bien-être, l'épanouissement, le plaisir, la nouveauté etc. Il n'y a donc pas de tensions entre les trois personnes divines ni non plus de conflits ou de contradictions. Ainsi, Dieu combine amour, justice et grâce. Par exemple, il n'y a pas de tension et encore moins d'opposition entre son amour et sa justice.


Ainsi :


  • le P aime le F, le F aime le P

  • le P aime le SE, le SE aime le P

  • le F aime le SE et le SE aime le F


Dieu maîtrise parfaitement ses émotions et n'est jamais dominé par elles. Il peut être triste à cause du mal mais il maîtrise sa tristesse, il ne sombre jamais dans la dépression, la dévalorisation de l'image de soi etc Ainsi Dieu est parfaitement équilibré, sans aucune maladie, sans aucun dysfonctionnement. Ainsi, il peut ressentir de la colère face au mal mais il ne va pas anéantir sa création sur un coup de colère parce qu'il la maîtrise. Il n'y a pas de tensions émotionnelles en Dieu, tout est parfaitement harmonieux en lui.

Les trois personnes étant entièrement Dieu pour chacune d'entre elles, on les distingue par leurs relations entre elles trois.


§ 2 . Considérations spéciales


Il y a un seul Dieu. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le SE est Dieu.

Pourtant le Père n’est pas le Fils, le Fils n’est pas l’Esprit et l’Esprit n’est pas le Père.

Le Père, le Fils, le St Esprit sont dans cet ordre.

Le Fils procède du Père, Le St Esprit procède du Père et du Fils.


Plus techniquement, sur la Trinité on distingue traditionnellement 1) la Trinité ontologique et 2) la Trinité économique.

1) La Trinité ontologique ou opera divisa ou opera ad intra (ou oeuvres accomplies vers l'intérieur) est relative à l'être, de ontos en grec, l'être. On parle ainsi de trois personnes (distinctes) de nature divine. Le Père est esprit, l'Esprit est esprit et Jésus est esprit et corps spirituel (depuis sa résurrection), pneumatique c'est à dire rempli de l'Esprit-Saint. Au sein de la Trinité, Jésus est pleinement divin et pleinement humain, les deux natures étant distinctes mais sans confusion ni altération. Ainsi, Jésus a une volonté humaine et une volonté divine contrairement à l'hérésie monothélite qui enseignait deux natures mais une seule volonté ce qui amenait à confondre les deux natures qui sont unies en lui mais distinctement et sans confusion ni altération.

Ainsi, le Père n'est pas le Fils, le Saint-Esprit (SE) n'est pas le Père ni le Fils, ils sont distincts. La nature divine se caractérise par l'omniscience, l'omnipotence et l'omniprésence plus l'éternité passée et future (l'homme est éternel dans le futur uniquement car il a un commencement contrairement à Dieu qui n'a pas de commencement).

Chaque personne porte la nature divine.

- Paternité : le Père engendre le Fils. Le Père est innascible (du latin nascere, naître) : il ne procède de personne avant lui, il n'est pas engendré. Il ne procède de personne.

- Filiation : le Fils est engendré du Père

- Spiration : relation du Père et du Fils au Saint-Esprit, vue du côté du Père et du Fils. Père et Fils spirent le SE

- Procession : le SE procède du Père et du Fils (Jn 15.26)

Le Fils est éternellement engendré du Père, le Père n'est pas engendré. Le Fils n'est pas créé par le Père sinon le Christ serait une créature.


2) La Trinité économique ou opera indivisa ou opera ad extra (ou oeuvres accomplies vers l'extérieur) est relative aux relations et aux actions, aux rôles de chaque personne de la Tri-Unité. Le Père est hiérarchiquement supérieur au Fils qui lui est subordonné en ce qu'il est envoyé sur terre sur ordre du Père et le Fils a obéi jusqu'à la mort de la croix. L'amour circule entre les trois personnes et ainsi le Dieu chrétien s'autosuffit (aséité) totalement parcequ'il y a circumincession (compénétration parce que de même nature mais sans confusion de personnes qui restent distinctes les unes par rapport aux autres) et périchorèses des personnes divines qui s'aiment toutes mutuellement, l'amour se donne, s'échange et circule entre les trois personnes qui sont chacune un centre de conscience, un « je » qui parle à un « tu » dans un certain ordre hiérarchique, articulé et harmonieux (Jean chapitres 14 à 16).

- Le Fils prie pour nous le Père, le SE prie au travers de nous le Père

Jésus est sous les projecteurs durant la dispensation de la grâce, le SE oriente les projecteurs sur Jésus.

Vis-à-vis des humains, le Père envoie le Fils et le Fils envoie le Saint-Esprit.

En sens inverse, le Saint-Esprit révèle le Fils qui lui-même révèle le Père.

Jésus-Christ a accompli le salut objectif, extérieur au croyant et le Saint-Esprit accomplit le salut subjectif, intérieur au croyant, il applique le salut christique à l'intérieur du croyant : Ez 36.26 :

Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre être votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.


Pour résumer et récapituler, on a la Trinité ou Tri-Unité ontologique (a) relative à l'être de Dieu et la Trinité ou Tri-Unité économique (b) relative aux relations de Dieu avec sa création.


a . La Trinité ontologique ou opera ad intra : le P engendre le F, le SE procède du P et du F, le P et le F spirent le SE, les 3 personnes (= chaque personne est un centre de conscience, un « je » qui parle à un « tu ») s'aiment mutuellement, l'amour circule entre les trois personnes divines.


b . La Trinité économique ou opera ad extra : le P envoie le F sur terre, le P et le F envoient le SE sur terre, le SE habite le croyant, le P choisit/élit le croyant, le F justifie le croyant, le SE régénère/sanctifie le croyant. Économiquement, la trinité est une communauté hiérarchique : monarchie du P, économiquement/hiérarchiquement le F est subordonné au P, le SE est subordonné au P et au F.


En conclusion, quand on parle de Dieu, on est toujours dans l’analogie1, jamais dans un langage tout à fait juste, puisque notre langage est humain. On ne peut comprendre Dieu que par analogie, tout en ayant conscience des limites, de l’imprécision de ce langage. L’analogie, à la fois ressemblance et différence, c’est le juste milieu entre l’univocité et l’équivocité.

Comme l’a dit l’abbé Monchanin (XXème siècle), Dieu est tout autre qu’un autre ; il est absolument transcendant.

Pour aller plus loin, thèmes complémentaires : la doctrine des appropriations, la périchorèse (grec)/circumincession (latin) ou compénétration des personnes divines, le filioque, les attributs de Dieu etc

1. L'analogie est la ressemblance plus ou moins vague et lointaine.


Pour prolonger la réflexion : une vidéo de 22 minutes du dogmaticien Jacques Nussbaumer :

https://www.youtube.com/watch?v=MyCqGowit_0

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